Dahra Djolof, ce dimanche 5 octobre 2025 notre équipe a mené une immersion dans le marché hebdomadaire de Dahra Djolof, un lieu emblématique où se jouent chaque semaine les grands équilibres économiques de la région.
Véritable carrefour névralgique du bétail et de la volaille, ce marché est aussi une manne financière qui irrigue tout un territoire: des dizaines de milliers de vaches, de bœufs, de chameaux et de volailles y circulent, acheteurs et vendeurs venus de plusieurs horizons. Les bergers et éleveurs n’hésitent pas à parcourir des distances importantes en provenance de Gambie, Mauritanie et Mali notamment pour vendre ou acheter, selon les opportunités du moment. Ce flux soutenu témoigne de l’importance stratégique du site, qui n’est pas qu’un lieu de transaction, mais aussi un vecteur d’échanges culturels et techniques entre les différents opérateurs de la filière. Interrogé sur l’importance de la modernisation du site, Imam Ahmet Kâ, originaire de Linguère, rappelle que la mairie a déjà entrepris des travaux. Mais il insiste sur la nécessité d’impliquer davantage les véritables acteurs pour tirer un réel bénéfice du potentiel local. « Nous sommes dans ce lieu pour commercer, et mettre en valeur notre savoir-faire », affirme-t-il, tout en appelant à l’accompagnement du gouvernement pour introduire des techniques modernes qui améliorent la race Gouzra, locale et ancienne, afin d’assurer une meilleure abondance de la fourrage et, à terme, l’autosuffisance en viande. L’imam poursuit en soulignant que les progrès ne reposent pas uniquement sur les infrastructures physiques. « Les anciens tenants du pouvoir ont pu ouvrir des marchés internationaux pour améliorer l’élevage de notre pays. Mais si les véritables acteurs ne sont pas accompagnés, le résultat restera dérisoire », prévient-il. Dans la même veine, il rappelle que les générations actuelles enfants des bergers et des éleveurs accèdent désormais à l’enseignement supérieur (licences, masters et doctorats). Cela, dit-il, devrait inciter l’État à « pousser les gaz » et à viser des résultats probants, avec des points d’eau efficaces et un tapis herbé suffisant pour soutenir l’élevage local. Le marché de Dahra Djolof se distingue également par sa position géographique. En plus des transactions de bétail, les dibiteries et les restaurants qui l’entourent témoignent d’un maillage économique dense. On vient ici pour échanger, non seulement du bétail, mais aussi des savoir-faire et des produits locaux.

C’est bien un « marché foire » où l’élevage de la sous-région pratique un échange gagnant-gagnant entre producteurs, intermédiaires et consommateurs.
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